• Protéger la Nature... Et vite !

    Pendant longtemps, protéger l'environnement était considéré comme une volonté de revenir en arrière, pour retrouver "un temps zéro", idéalisé, où la nature  n’aurait pas encore été modifiée par les hommes. Ainsi, dans les premiers espaces protégés, de la fin du XIXème siècle jusqu’aux années soixante, les espaces de nature et les espaces occupés par l’homme étaient, en général, strictement dissociés : la vie sauvage était censée être confinée dans des parcs, dans lesquelles les activités humaines étaient exclues. Mais on s’est bientôt aperçu que, pour que l’espace protégé soit respecté, il ne devait pas être imposé mais accepté par les populations riveraines.

    En effet, cette conception de la préservation de la nature ne prend pas assez en compte l’aspect évolutif des écosystèmes.  Tous les milieux de la planète ont été transformés par les hommes à des degrés plus ou moins importants. Il n’existe plus à proprement parler de milieux  « naturels ». Les sociétés ont tout modifié autour d’elles, anciennement ou récemment. Ces modifications ont été plus ou moins bonnes, « embellissant » ou « dégradant » les milieux.

    Des travaux récents ont montré à quel point des milieux perçus jusqu’ici comme étant absolument « naturels », comme la forêt amazonienne, étaient en fait le résultat de choix effectués depuis des millénaires par les sociétés indiennes. Le retour à un paysage originel semble à la fois irréaliste (les milieux évoluent) et pas toujours souhaitable (les évolutions ne sont pas systématiquement négatives).

    Il est aujourd’hui plus important que jamais de penser la nature comme un projet politique visant à associer les hommes et leur environnement en mettant en place les meilleures interdépendances possibles. Il ne s’agit plus de mettre sous cloche mais de préserver les capacités évolutives des milieux et de faire « équipe avec la vie », selon l’expression de l’écologue, R.Barbault.

     

    Peut-on se passer de la nature ?

    Certains  décideurs considèrent que l’humanité a pour vocation de se séparer totalement de la Nature. Tout doit alors être contrôlé artificiellement : le régime des cours d’eau, la fabrication des végétaux alimentaires, la conservation des espèces animales (dans des zoos, voire dans des hypothétiques banques de gènes…).

    Ce choix de société semble hasardeux dans la mesure où il n'est pas certain que les progrès technologiques puissent se substituer aux "services"  rendus par la biodiversité ; celle-ci constitue un "capital génétique" aux usages alimentaires, médicinaux ou industriels, mais  agit aussi comme régulateur : purification de l'eau potable, maintien de la qualité de l’atmosphère, régulation des climats, régulation des gaz à effet de serre, épuration de l’air, formation des sols arables, protection des sols contre l’érosion et le maintien de leur fertilité, maintien des cycles biogéochimiques... 

    En exterminant les espéces qui coexistent avec elles sur la planète, l'humanité prend aussi un risque moral. Elle renonce à étendre au-delà de sa propre espèce le principe altruiste qui impose la protection des plus faibles. Or, n'est ce  pas ce principe qui, depuis les débuts de son histoire, a  montré à l'homme le chemin de la civilisation ?  

     

     

     

     


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